Déodorant ou antitranspirant ?
Déodorant ou antitranspirant ? On ne fait pas toujours la différence entre les deux.
Pourtant, leur composition et leur mode d’action sont différents. Si le premier lutte contre les odeurs de transpiration, le second régule la sudation et contient généralement des sels d’aluminium, composant considéré comme potentiellement dangereux.
1 - Quelles différences entre un déodorant et un antitranspirant ?
2 - Le point sur quelques composants récurrents
3 - Des antitranspirants pas si anodins que cela
1 - Quelles différences entre un déodorant et un antitranspirant ?
Pour lutter contre les odeurs corporelles, il existe plusieurs catégories de cosmétiques, disponibles sous forme de spray, sticks, roll-on, émulsions :
- les déodorants qui permettent d’éviter la formation des mauvaises odeurs.
Un déodorant peut être formulé à l’aide d’antiseptiques qui limitent la prolifération des micro-organismes cutanés, d’actifs masquants (parfums) ou séquestrants qui « neutralisent » les molécules malodorantes. - les antitranspirants qui interrompent l’évacuation de la sueur au niveau cutané.
Ils sont généralement formulés à l’aide de sels d’aluminium, comme le chlorhydrate d’aluminium (INCI : Aluminum chlorohydrate). Molécules irritantes, les sels d’aluminium sont capables de créer une inflammation au niveau de la zone d’application. Celle-ci engendre un épaississement cutané qui va progressivement obturer les pores. On utilise, pour désigner ce phénomène, une expression parlante : c’est la « théorie du bouchon ».
Les deux mécanismes d’action sont donc bien distincts : dans un cas on agit en amont de la production des odeurs en s’opposant à la transpiration, dans l’autre on évite la formation des odeurs sans jouer sur la transpiration.
Une certaine ambiguïté persiste parfois entre les deux notions. En effet, on trouve parfois sur le marché des déodorants contenant des sels d’aluminium à propriétés antitranspirantes. On assiste également à une surenchère des allégations avec des produits présentés comme efficaces pendant 24, 48 ou même 96 heures…
2 - Le point sur quelques composants récurrents
Les déodorants et les antitranspirants contiennent des ingrédients permettant de lutter contre la transpiration et de limiter les mauvaises odeurs. Attention, toutefois les formulations contiennent souvent un nombre significatif de conservateurs, potentiellement allergènes.
- Les antioxydants
Les antioxydants attaquent les corps gras constitutifs de la sueur apocrine (*). Certains d’autres eux (BHA et BHT) ont fait l’objet de polémiques concernant leur sécurité d’emploi et sont aussi regardés avec circonspection par une partie de l’industrie cosmétique. On leur reconnait un pouvoir allergisant qui les a fait classer dans la catégorie des excipients à effets notoires. Vitamine C et vitamine E constituent, en revanche, des antioxydants bien tolérés qui ne posent pas de problème particulier pour la sécurité du consommateur. - L’alcool
Les ingrédients actifs des antitranspirants et des déodorants sont souvent dissous dans l'alcool car il sèche rapidement une fois appliqué sur la peau. C'est un produit desséchant pour la peau qui n'est pas anodin. Ainsi, on en retrouve généralement dans de nombreux déodorants billes ou aérosols, ainsi que dans certains gels. Associé à des parfums, l’éthanol permet de masquer les odeurs de transpiration en réduisant les niveaux de bactéries des aisselles. - Les sels
Selon le type de produit, les antitranspirants contiennent habituellement des sels pour limiter l'écoulement de sueur de la peau. Ces sels agissent en se dissolvant dans la sueur et en laissant une fine pellicule de gel sur les glandes sudoripares. Cette pellicule réduit la quantité de sueur sur la peau pendant plusieurs heures après l'application de l'antitranspirant. Les sels d’aluminium ont pour propriété de resserrer les pores de la peau et donc de réduire le flux de transpiration.Ces sels d’aluminium ont pour action également de tuer les bactéries à l’application et contribue donc à limiter la formation des odeurs corporelles de transpiration.
La problématique des sels d’aluminium
L’ANSM préconise que cette information figure sur les conditionnements. |
- Les gaz propulseurs
Les antitranspirants et déodorants aérosols sont conçus pour agir par le biais d'un film très fin recouvrant la peau. Pour créer ce film, les produits contiennent des agents propulseurs à basse, moyenne et haute pression qui produisent une vaporisation suffisamment puissante pour atteindre la peau. Dans la liste des ingrédients, ces agents propulseurs figurent sous le nom de Butane, Isobutane et Propane. - Les absorbants
Talc, amidon, kaolin ont pour fonction d’absorber l’humidité et les mauvaises odeurs. Multiplier les actifs dans ce type de produit n’est donc pas aberrant mais au contraire indispensable si l’on souhaite venir à bout des diverses origines des odeurs corporelles. - La pierre d’alun
Dans le commerce en France, deux produits très différents sont vendus sous le même nom de "pierre d'alun". La distinction est possible à l'apparence ou par l'étiquette : -
- La pierre d'alun naturelle, extraite de mines : son étiquette porte le nom de "Potassium Alun". Elle régule la sudation sans boucher les pores de la peau (propriété astringente). Elle combat les bactéries qui causent les mauvaises odeurs (propriété bactéricide).
- "La pierre d'alun" synthétique fabriquée, souvent en Asie, à partir de résidus de l'industrie chimique : son étiquette doit mentionner la présence d'ammonium ou le terme "Ammonium Alun".
Contrairement à ce que peuvent laisser supposer certaines publicités, la pierre d’alun contient bien de l’aluminium.
3 - Des antitranspirants pas si anodins que ça
La dangerosité des antitranspirants contenant des sels d’aluminium fait débat au sein de la communauté scientifique.
L’utilisation quotidienne d’antitranspirants pendant une quarantaine ou une cinquantaine d’années peut soulever des inquiétudes légitimes. Peut-on la relier avec un risque accru de cancer du sein (le quadrant supéro-externe du sein, proche de l’aisselle, étant à la fois la zone la plus touchée et celle où l’on applique des déodorants) ou de maladie neurodégénérative telle que la maladie d’Alzheimer (l’aluminium est un élément susceptible d’entraîner la dégénérescence de certaines zones du cerveau telle que l’hippocampe) ?
Un certain nombre d’éléments iraient dans le sens d’une réponse affirmative.
D’une part, l’aluminium est considéré comme un perturbateur endocrinien par certains chercheurs. D’autre part, la sudation est la principale manière d’éliminer l’aluminium (en diminuant le volume de sueur émise, on perturbe donc également le processus naturel de détoxification de l’organisme d’où des conséquences pour la santé).
Rappelons aussi que l’aluminium n’est pas exclusivement présent dans les cosmétiques, mais qu’on en retrouve également dans l’eau de boisson, dans l’environnement, dans la fumée de cigarettes… Nous sommes donc exposés de manière cumulée à une substance controversée, potentiellement toxique pour notre santé.
En l’absence de confirmation définitive de la part des autorités médicales et scientifiques, on peut toutefois considérer que par son mode même d’action (blocage d’une fonction physiologique) l’antitranspirant n’est pas le cosmétique idéal.
Il est donc nécessaire d’informer le consommateur en indiquant, en toute transparence, à quelle catégorie de produit il a affaire !
> Pour aller plus loin : consulter l’essai comparatif de 16 déodorants hommes et femmes publiés dans le mensuel de juin 2016 de 60 Millions de Consommateurs (contenu payant).
Ses résultats indiquent que les déodorants sans sels d’aluminium sont parfois aussi efficaces, voire plus, que les antitranspirants qui en contiennent.
(*) Sueur eccrine et sueur apocrine Il existe deux types de sueurs : la sueur eccrine, composée d’eau, de sels minéraux, d’ammoniaque...qui a pour but de maintenir la température corporelle à une valeur constante de 37°C, d’où une production accrue lors de fortes chaleurs ou lors d’un effort physique. Son élimination revêt un caractère vital. La sueur apocrine est, quant à elle, produite par des glandes localisées dans des zones pileuses (aisselles, région génitale). Sa composition est bien différente de celle de la sueur eccrine. En effet, on y trouve des corps gras (triglycérides, acides gras…) Sa production et son élimination ne sont pas vitales. Ce sont les situations de stress en particulier qui déclenchent sa sécrétion de façon impromptue.