La Fnaut décerne ses tickets verts et tickets rouge 2020
Communiqué de presse de la Fnaut
Les traditionnels tickets, verts et rouges, de la FNAUT devaient être décernés lors du congrès prévu à Annecy début octobre. Ce congrès ayant été annulé en raison de la crise sanitaire, les tickets 2020 ont été décernés directement par les membres du bureau. Les sujets sur lesquels la FNAUT s’est souvent exprimée (tramway, gares TGV, petites lignes) ont été éliminés.
TICKETS VERTS
80 km/h
Le 1er juillet 2018, le Premier ministre Edouard Philippe a décidé de ramener de 90 à 80 km/h la vitesse limite sur plus d’un million de km de routes nationales et départementales afin d’améliorer la sécurité routière.Un bilan de cette mesure est aujourd’hui difficile à établir en raison d’évènements imprévus (destruction de radars, grève des transports publics, confinement).
Depuis décembre 2019, les présidents de département, majoritairement opposés à la décision de l’Etat sous couvert de « défense de la ruralité » (FNAUT Infos 277) ont été autorisés par la loi LOM à repasser certaines sections départementales à 90 km/h après avis consultatif (généralement négatif) de la commission départementale de sécurité routière. Une reculade de l’Etat, immédiatement exploitée par les présidents de Haut-Marne (Nicolas Lacroix, LR) et de Seine-et-Marne (Patrick Septiers, UDI).
32 présidents de conseils départementaux (selon le magazine Auto Plus) dont ceux de Loire-Atlantique, de Gironde et du Var ont cependant maintenu courageusement le 80 km/h. Un ticket vert leur a été attribué par la FNAUT.
Adaptation des transports publics aux personnes handicapées
Une enquête IFOP-APF (Association des Paralysés de France, voir FNAUT Infos 284) a été réalisée récemment auprès de 12 000 personnes concernées ou non par un handicap : malgré l’adoption de trois lois sur l’accessibilité depuis 1975, la France a un retard énorme dans ce domaine par rapport aux Pays nordiques ou l’Italie : 9 personnes sur 10 éprouvent des difficultés lors de leurs déplacements quotidiens, dont 65 % des personnes valides se déplaçant dans l’espace public ou en transport public.
Un ticket vert a été décerné aux métropoles qui ont obtenu une adaptation satisfaisante de leurs transports publics aux personnes handicapées, en particulier Grenoble, Rennes, Nantes, Montpellier et Strasbourg (le taux de satisfaction des usagers des transports publics est compris entre 81 % et 67 %). La FNAUT rappelle que les personnes valides bénéficient des aménagements indispensables aux personnes handicapées.
Par un ticket vert, le bureau de la FNAUT reconnaît les efforts des élus de l’autorité organisatrice Pau Béarn Pyrénées Mobilités, qui a financé la proposition de l’Association de Défense des Usagers des Transports Aquitaine Grand Pau, pour protéger les jeunes élèves d’un Institut Médico-Educatif qui se rendent quotidiennement des arrêts de bus à leur école.
TICKETS ROUGES
Réouvertures ratées
La FNAUT a dénoncé le fiasco que constitue la réouverture, pourtant très attendue, de la ligne Belfort-Delle (ce cas n’est pas unique, voir FNAUT Infos 282), en attribuant à l’Etat et à la Région Bourgogne - Franche-Comté un ticket rouge (rupture de charge systématique à la gare TGV de Meroux, non prolongement des trains Épinal-Belfort jusqu’à cette gare, correspondances TGV-TER mal organisées, réduction des fréquences pendant les vacances scolaires...).
En Allemagne, les réouvertures de lignes sont toujours couronnées de succès, parfois spectaculaire (FNAUT Infos 282). En cas de réouverture d’une voie ferrée, les conditions suivantes sont à respecter :
- rénovation sérieuse et à prix réduit de l’infrastructure (pas de "circulaire Bussereau" obligeant à supprimer les passages à niveau);
- réouverture de l’ensemble de l’itinéraire concerné ;
- arrêts bien positionnés ;
- matériel roulant de capacité adaptée aux besoins ;
- cadencement des horaires et amélioration des correspondances ;
- coûts réduits de l’exploitation par appel à la concurrence ;
- maintien ou création d’un trafic de fret ;
- bonne coordination avec le car pour les rabattements sur les arrêts ;
- enfin bonne information par l’exploitant sur les services offerts.
Travaux routiers concurrents du train
Trop souvent, des travaux routiers sont réalisés alors que, sur un itinéraire parallèle on cherche à relancer l’usage du train. Les exemples sont nombreux d’autoroutes ou 2 x 2 voies parallèles à des voies ferrées, donc en concurrence directe avec le train, ou réalisées à la place d'une voie ferrée, construites avec l’appui ou à l’initiative de l’Etat ou de collectivités régionales ou locales.
Les exemples de ces incohérences et de ces gaspillages sont nombreux :
- le Conseil Départemental de Haute-Savoie vient ainsi de décider la construction de l’autoroute A 412 Thonon-Machilly qui concurrencera le Léman-Express ;
- la Commission d’Orientation des Infrastructures (COI ou commission Duron) a poussé la modernisation de la Route Centre Europe Atlantique (RCEA) et le report de la Voie Ferrée Centre Europe Atlantique (VFCEA) parallèle ;
- l’autoroute Castres-Toulouse, dont les promoteurs ont été l'Etat, le Conseil Régional et le Département du Tarn, concurrencera la voie ferrée qui relie les deux agglomérations ;
- la RN 154 est passée à 2 x 2 voies et transformée en concession autoroutière au lieu de rouvrir la ligne Orléans-Chartres qui aurait relié la capitale régionale au seul chef-lieu de département qui ne l’était plus et offert un axe fret permettant d’évacuer le trafic de céréales vers les ports en contournant la région parisienne ;
- le projet de tram-train de La Réunion a été abandonné au profit de la nouvelle route du littoral prise en compte dans le plan de relance ;
- le département de Loire-Atlantique continue d'élargir la route Nantes-Pornic à 2x2 voies alors qu'il existe une voie ferrée parallèle insuffisamment utilisée.
La FNAUT dénonce ces travaux routiers pléthoriques qui finissent par dé-rentabiliser le rail et renforcer la dépendance des territoires à la voiture et au camion et attribue à leurs promoteurs, Etat et élus des collectivités, un ticket rouge.
Transports urbains
La métropole d’Aix-Marseille a reçu un ticket rouge (manque d’adaptation aux PMR : taux de satisfaction des usagers : 16 %).
Perpignan-Métropole a reçu aussi un ticket rouge en raison de la très mauvaise qualité de son réseau urbain (seulement 37 voyages par an et par habitant en 2016). La circulation automobile est très dense, le stationnement sauvage très développé.